Balades culturelles
Herta Müller
Herta Müller dans les années quatre-vingt
Herta Müller fait partie de ces écrivains écartelés par l’histoire, issue d’une famille vivant dans cette nébuleuse de peuples qu’était alors l’Autriche-Hongrie, née en août 1953 dans la Roumanie de Nicolae Ceaușescu. Une vie, une biographie qui colle à sa plume comme autant de douleurs intériorisées qui resurgissent dans ses livres, des images d’une époque de soubresauts, pas vraiment tendre pour les pauvres européens, surtout ceux de l’Est.
Ses œuvres, taillées dans un style très direct qui n’en dégage pas moins une certaine poésie, expriment la violence contre les faibles, les effets de l’injustice, cette peur diffuse d’être toujours surveillé et sur qui la terreur de la dictature peut s’abattre à tout moment. A quoi s’ajoute cette formule du jury du prix Nobel de littérature qu’elle reçoit en 2009, qui met l’accent sur « la concentration de la poésie et l'objectivité de la prose, dépeignant les paysages de l'abandon. » [1]
Herta Müller est ce qu’on appelle une souabe du Banat, [2] région rattachée à la Roumanie après la fin de l’Autriche-Hongrie, membre de la minorité germanophone. Son grand-père fut un riche fermier et homme d'affaires exproprié par les communistes. Ses parents ne furent pas mieux lotis, une mère déportée plusieurs années au Goulag en 1945, un père ex soldat de la Waffen-SS, gagnant sa vie comme chauffeur de camion.
La jeune Herta fait des études littéraires à l’université de Timişoara puis à partir de 1976 est traductrice dans une usine mais refuse de coopérer avec la Securitate, la police secrète romaine. Elle fait alors des petits boulots et milite dans un groupe dissident l’Aktionsgruppe Banat et le cercle littéraire de Timişoara, l’Adam Müller-Guttenbrunn. Elle est très tôt confrontée à l’importance du langage, les langues minoritaires haut-allemand et souabe confrontées au roumain officiel et au langage dominant véhiculé par le pouvoir politique, « d'où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés ou souillés par le politique » précise-t-elle.
Le régime communiste censure tous ses ouvrages qui seront ensuite publiés en Allemagne de l’Ouest ; elle est alors interdite de parution dans son pays. En 1987, elle est contrainte d’émigrer en République fédérale avec son mari, l’écrivain Richard Wagner, continuant son combat contre la dictature, refusant de condamner l’intervention américaine en Irak en 2003 mais s’élevant contre l’attribution du prix Nobel à l’écrivain chinois Mo Yan, accusé d’être trop laxiste envers l’état chinois. Dans le même esprit, elle condamnera des intellectuels anciens informateurs de la Securitate. [3] Elle contre attaque en accusant l’état roumain de ne s’être toujours pas débarrassé des méthodes et mauvaises habitudes des communistes [4] et de tout faire pour la calomnier, la dévaloriser aux yeux des autres.
Lors du prix Nobel en décembre 2009 avec Johann Deisenhofer, prix Nobel de chimie
Deux traumatismes traversent ainsi son œuvre. D'abord, le terrible parcours des Allemands de Roumanie pendant la seconde guerre mondiale, leur déportation dans les camps soviétiques et ce refoulement, ce non-dit régnant dans le village, que lui a légué sa famille et sa mère en particulier. Puis la dictature stalinienne en Roumanie, qu'elle vécut comme une déchirure, qu'elle évoque dans des romans tels que Niederungen, récit acide du quotidien d’une famille dans un village de son Banat natal ou Heute wäre ich mir lieber nicht begegnet (la convocation), dans lequel une ouvrière d’usine est persécutée, soumise à des interrogatoires par un policier qui manie à merveille un cynisme hautain pour mieux l'humilier et la briser.
En complément : l’univers et les romans de Herta Müller
La plupart de ses ouvrages sont centrées sur l’histoire roumaine de l’époque communiste et les sombres épisodes qui l’ont marquée, sa volonté de faire revivre et de dénoncer les errements de la dictature de Ceauşescu.
Le jury du prix Nobel lui reconnaît un style cursif et éloquent fait « d’images ciselées, » son art pour donner « une image de la vie quotidienne dans une dictature pétrifiée, la richesse de ses tableaux, la profusion de ses descriptions mélangeant animaux, végétaux, fruits et paysages.
On peut y voir aussi l’influence de l’œuvre de Franz Kafka et de ses situations absurdes. Sa connaissance de l’Allemand et du Roumain lui a permis d’avoir une approche linguistique singulière, de saisir à travers les différences des mots et des expressions, la réalité plus profonde de mondes différents, ce qui en dit long sur les difficultés de traduction auxquelles Milan Kundera avait déjà été confronté, réécrivant la plupart de ses livres en français après son exil.
Son roman Drückender Tango qui date de 1984, peint violence et corruption dans un village dont la minorité allemande se sent toujours proche du fascisme. Dans Der Mensch ist ein grosser Fasan auf der Welt (L’homme est un grand faisan sur terre, 1987), elle prend pour sujet la vie déchirante d’un meunier et de sa famille, un homme qui souhaite changer de métier et victime des menaces policière et des manœuvres de l’administration. Avec Reisende auf einem Bein, en 1989, on suit l’installation en Allemagne d’un nommé Müller, la difficile rupture d’un exilé, mêlée au soulagement d’une vie libre et la joie de pouvoir de nouveau pratiquer sa langue d’origine.
Dans Der Fuchs war damals schon der Jäger (Le Renard était déjà le chasseur, 1992) elle décrit la vie d'une enseignante confrontée aux manigances de la police politique la Securitate qui a placé son appartement sous surveillance, tandis que dans Herztier (Animal du cœur) en 1993, elle aborde le cas d’étudiants roumains qui se pose des questions sur leur propre devenir et celui de leur pays miné par le régime communiste et que dans Heute wär ich mir lieber nicht begegnet (La Convocation, 1997) elle aborde l’existence d’une femme traumatisée par les interrogatoires policiers.
Avec Atomschaukel (La Bascule du souffle, 2009), elle s’est servie de l’expérience de son ami, le poète Oskar Pastior et de celle de sa propre mère pour dessiner le portrait d’un jeune homme, exemplaire de la situation des Allemands de Transylvanie après la Seconde Guerre mondiale, qui connaît les affres du Goulag et de la faim qui modifie sa perception de la réalité.
Notes et références
[1] Ce qui suscitera une polémique avec l’écrivain Carl Gibson originaire du Banat, qui l’attaque sur ses relations passées avec le régime de Ceauşescu.
[2] Elle est née dans le village de Nitzkydorf, appelé aujourd’hui Niţchidorf
[3] Article paru dans l'hebdomadaire Die Zeit du 23 juillet 2009 intitulé « La Securitate est toujours en service »
[4] Herta Müller est, sur la décennie 1999-2009, le troisième auteur germanophone à obtenir le prix Nobel de littérature après Günter Grass et Elfriede Jelinek.
Bibliographie
* "L'Homme est un grand faisan sur terre", éditions Maren Sell, 1991 et Folio, 1997, traduction de Nicole Bary
* "Le renard était déjà le chasseur", éditions Le Seuil, 1996, traduction Claire de Oliveira
* "La Convocation", éditions Métailié, 2001, traduction Claire de Oliveira
* "La bascule du souffle", éditions Gallimard
Herta Müller à Leipzig en 2007 Herta Müller en septembre 2009
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Patrick Cauvin
Patrick Cauvin (à droite) à Montmartre en 2009
Prix Vogue Hommes en 1986 pour Haute-Pierre
Patrick Cauvin, Claude Klotz de son vrai nom, est né le 6 octobre 1932 à Marseille et mort à Paris le 13 août 2010 à l'âge de 77 ans.
Homme d’écrit et d’images, Patrick Cauvin dit lui-même qu’il doit à son père cheminot son goût pour le cinéma, pour l’audio-visuel, son attrait pour un acteur comme Humphrey Bogart. Dans son roman Povchéri, il écrit « j'avais onze ans dans l'été 43… Petit bonhomme en galoches soumis aux restrictions. »
Dans un premier temps, après une licence de philo, il habite dans un HLM à Sarcelles et se dirige vers l’enseignement au lycée technique de Bezons. Puis il revient Paris résidant dans sa chère butte Montmartre, celui que le romancier Jean Contrucci avait appelé le « Marseillais de Montmartre nyctalope. » De ses lectures d’enfance, de Lucky Luke au capitaine Fracasse en passant par Andromaque, naîtra en 2005 son « Dictionnaire amoureux des héros »
Patrick Cauvin aimait musarder parmi les petites rues de la Butte Montmartre, prendre son café à la terrasse du Cépage à côté de chez lui, casser la croute au Maquis, « en griller une » tout en longeant la rue Caulaincourt ou s’arrêter au 111 pour parler musique avec le marchand de journaux ; Il peut même pousser jusqu’à la place Constantin-Pecqueur et la librairie de l’Attrape-Cœur, parfois vers le cinéma Studio au 28 rue Tholozé ou vers le théâtre de l’Atelier. Accepterait-il de déménager lui demanda un jour le journaliste Paul Desalmand, : « La promenade n’est pas un petit voyage, mais un grand voyage en réduction. » lui répondit-il
Sa première rencontre avec l’écriture se fera à travers le roman policier, treize livres qui vont se succéder à travers son héros Reiner, nommé aussi Raner et il y reviendra en 2002 avec un thriller au suspense prenant Le Sang des roses. Ecrivain éclectique, il s’intéresse par la suite à la bande dessinée, rédacteur d’une chronique de cinéma dans le magazine Pilote et écrit des pastiches de films d'épouvante, d'action comme Dracula père et fils ou Les Fabuleuses Aventures d'Anselme Levasseur.
Lassé de cet univers assez glauque du triller, il « se recycle » dans le roman d’amour avec L’amour aveugle paru sous le pseudonyme de Patrick Cauvin que désormais il adoptera. Suivront Monsieur papa en 1976, [1] E=mc² mon amour, [2] histoire d’amour entre deux adolescents surdoués Lauren et Daniel, à laquelle il donnera une suite en 1999 intitulé Pythagore, je t’adore, puis en 1981, Nous allions vers les beaux jours, récit très controversé sur la Shoah.
En 1982, il est à Karnak en Egypte avec un couple de handicapés qui respirent la joie de vivre et lui donneront la trame de son roman Dans les bras du vent publié l’année suivante. Il atteindra son objectif de « faire du lecteur un spectateur. À coups de dialogues qui sont mes moyens à moi de faire des champs et contrechamps » avec Laura Brams en 1984.
Toujours soucieux de se diversifier, il signa Hors jeu en 1987 avec le dessinateur Enki Bilal, sur le football du futur, un recueil de nouvelles L’immeuble, une pièce de théâtre Héloïse, des bandes dessinées comme Bellagamba, puis fut également scénariste avec Le mari de la coiffeuse, L'homme du train [3] réalisé par Patrice Leconte et s’occupa de fictions comme conseiller et scénariste sur France 3.
Lui qu’un cancer a emporté en 2010 a souvent pensé à la mort comme cette réflexion amère tirée de son roman Kobar « L’horreur de la mort est de ne rien emporter. Ni un visage, ni un sourire, ni un souvenir. Pas un jardin, pas un crépuscule, » ou cette résonance tirée de Laura Brams : « Elle en était sûre maintenant : une vie n'était qu'une vie, une étincelle entre deux moments, un passage fugace et réel qui jamais ne se retrouverait, telle était la loi et telle sa grandeur. »
Monsieur papa : scènes de l'adaptation de Kad Merad
Notes et références
[1] "Monsieur Papa" a été transposé dans un film de Philippe Monnier avec Daniel Auteuil et Claude Brasseur.
[2] Son roman sera adapté au cinéma par George Roy Hill en 1978 sous le titre « I Love You, je t'aime »
[3] "Le Mari de la coiffeuse" avec Jean Rochefort et "L'homme du train" avec Johnny Hallyday et Jean Rochefort.
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Louis Calaferte Maître Faust
« L’artiste est celui qui distingue, au milieu du confus, se sépare pour se mieux réunir. » [1]
Curieux dialogue que cette confrontation entre Faust et Méphistophélès. Certes, Faust a vendu son âme au Diable contre cette immortalité, ce rêve de jeunesse qui n’est qu’une résurgence idéalisée du passé, alors qu’il considère que « l’accompli d’aujourd’hui, demain est incertitude, » alors que pour lui le temps est linéaire, qu’il n’y a « ni passé, ni présent, ni avenir, mais une seule et même image reproduite dans le temps et que nous incarnons. » Mais il se rend compte que dans ce marché, il est « un recommencement qui comptabilise les possibles qui lui furent une fois accordés. »
Qu’en est-il alors de ce marchandage où le Diable semblait gagnant et qui ressemble de plus en plus à un marché de dupes dans lequel personne ne se retrouve. Faust et Méphistophélès sont en tout cas d’accord sur un point, cette espèce d’usure du temps quand Faust se demande « à quoi servirait de vivre ? … à une progressive restriction qui finit par n’être plus que le contenant de ce qui, jadis, a contenu » et que Méphistophélès lui répond négligemment « A partir d’un certain âge, on ne change plus. »
Il y a dans Faust une joie de vivre qui déplaît fort au Diable, doublée d’une distanciation de soi, un renoncement quand il confesse « je n’attends rien, je suis. Je ne veux qu’être, » voulant simplement être lui-même car « la force pure, c’est de ne se comparer à rien, » homme parmi les hommes, il se considère comme « ordinaire », aspirant seulement à améliorer l’homme. Et Méphisto surenchérit en rabaissant les ‘grands hommes’, « il ne faut jamais chercher à rencontrer les grands hommes, ils sont toujours inférieurs à l’image qu’on se fait d’eux. »
Cette joie de vivre que Faust professe, c’est d’abord une réaction contre la dégradation de la vieillesse, « Sais-tu ce qu’est la vieillesse ? s’écrit-il. Insignifiance. Mise à l’écart. Punition du désir. » Il la formule par cette question : « Oui ou non l’homme est-il conçu pour appréhender ce qui du monde lui est proposé, en profiter, en user, en jouir. » Il en tire une véritable profession de foi qui n’est pas du goût de Méphisto : « Vivre, c’est prendre, piller, capturer, ravir ! Vivre, c’est appétit, absorption, rassasiement ! Vivre, c’est se projeter. »
C'est aussi l'amour, malgré tout, malgré l'amour-rêvé et l'amour-réalité. [2]
Pour Faust, l’homme a une fâcheuse tendance à se dévaloriser, à manquer de confiance en lui, « il y a dans l’homme un malheur » constate-t-il, alors que sa nature devrait lui permettre d’être tourné vers la bonheur et la liberté.
Notes et références
* Référence : Louis Calaferte, "Maître Faust", éditions L'Arpenteur/Gallimard, 2000
[1] Pour les différentes citations qui émaillent la présentation, voir dans l'ordre pages 101, 156, 160, 51, 62, 64, 65, 73, 88, 75 et 149-150
[2] Voir la relation-monologue entre Faust et marguerite pages 131-132
Sélection bibliographique
* Requiem des innocents et Partage des vivants, éditions Julliard, 1952-53
* septentrion, éditions Tchou 1963, rééditions Denoël 1984 et Folio 1996
* la mécanique des femmes, éditions L'Arpenteur/Gallimard, 1992, Folio 1994
* Entretiens avec Patrick Amine, "Une vie, une déflagration", Denoël, 1995, avec Jean-Pierre Pauty, "L'aventure intérieure", Julliard, 1994, avec Pierre Drachline, "Choses dites", Le Cherche midi, 1994
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Costa Coulentianos
Costa Coulentianos est un sculpteur franco-grec, né en 1918 à Athènes et décédé en 1995 à Plan d'Orgon dans les Bouches-du-Rhône.
Costa dans son atelier Pour l'exposition de Pont-de-Vaux en 2002
Parcours personnel
Costa Coulentianos entreprend des études à l’École Nationale des Beaux-Arts d’Athènes qu’il termine en 1940. Ayant obtenu une bourse de la France, il vient s'installer à Paris dès 1945. Il est alors mêlé aux mouvements picturaux de son époque, fréquente l’atelier de Zadkine et participe à de nombreux salons comme le Salon de Mai, le Salon de la Jeune Sculpture ou l’exposition internationale de sculpture contemporaine au Musée Rodin à Paris en 1956.
Ses matériaux favoris sont les métaux, que ce soit le bronze, l'aluminium et surtout le fer décliné en ses différents alliages, travaillant exclusivement de ses mains sans aucune intervention de machines ou d'automatismes et 'à l'inspiration', sans plan préalable. Parmi ses thèmes de prédilection, on compte les thèmes aériens (acrobate, oiseau) et le corps féminin. Il a enseigné l'art de la sculpture d'abord en 1975-1976 aux Arts décoratifs de Paris puis en 1979-1980 à l'École des Beaux-arts de Marseille.
Il a eu l'idée d'isoler le fer en le combinant à d'autres métaux, ralentissant ainsi l'oxydation. Il développera surtout trois grands thèmes autour de la sculpture : le corps féminin, l’acrobate et l’oiseau pour exprimer les formes aériennes.
Les œuvres de Costa Coulentianos ponctuent le département de l'Ain où l'artiste s'était installé et réalisa de nombreuses sculptures de grande dimension. Une exposition à Pont-de-Vaux, organisée à l'initiative du Musée Chintreuil et de l'Association des Arts Pontévallois, a permis de réaliser une rétrospective dans une des salles du musée Chintreuil et sur les bords de la Reyssouze jusqu'au port de plaisance.
Pyramide, bronze, 1960 Animal, fer & bronze, 1959
Costa Coulentianos rencontra à Paris Roger Vailland par l'intermédiaire de La Galerie de France, grand carrefour de l'art moderne des années 1950. Comme il se plaignait du manque de place, de ses difficiltés à créer de grandes sculptures dans son atelier parisien, beaucoup trop petit, Roger Vailland, qui venait d'acquérir une de ses œuvres, lui proposa de venir s'installer dans son village de l'Ain et de faire son atelier dans une grange qu'il venait d'acheter. C'est ainsi que Costa vécut à Meillonnas et put réaliser les nombreuses sculptures de grande dimension que l'on peut voir en parcourant ce département. Après le décès de Roger Vailland en 1965, Coulentianos s'installa dans sa maison-atelier de Chavannes-sur-Reyssouze [1], commune située à côté de Pont-de-Vaux.
Dans les années 1980, il déménagea pour s'installer à Plan d'Orgon dans les Bouches-du-Rhône, un paysage qui lui rappelait plus certainement ses origines grecques. Durant la dernière partie de sa vie, il transmit son savoir à l'artiste suisse Patrice Stellest, en formant ce-dernier aux techniques de soudure du métal neuf.
Nouvelle génération [2] Acrobate, bronze 2/6, 1956 Femme allongée, 1950
Œuvres
- La série Nouvelle Génération, réalisée entre 1979 et 1982 dont il a choisi certaines pièces pour représenter la Grèce lors de la Biennale de Venise en 1980. Ce sont pour l'essentiel des œuvres de dimension modeste, à la fois légères et dynamiques, travail du sculpteur sur la lumière et l'espace.
- Série sérigraphique sur papier sans titre, signée en bas à droite, numérotée en bas à gauche.
- Œuvres exposées à la Magen gallery
Coulentianos (à gauche) avec JF. Rolland et Roger Vailland Costa et Vailland
Liste de ses expositions
- 1992 : Centre culturel Geni Tzami, Salonique, Grèce et Musée d'art moderne de Santiago du Chili
- 1991 : Le Centre contemporain d'art Ileana Tounta, Athènes, Grèce et Golf de Saint-Rambert d'Albon, Drôme, France
- Années 80 : Inter-bureau, Lyon, France, 1980, Biennale de Venise, Venise, Italie, 1982, L'institut français, Salonique, Grèce, 1983, La Galerie d'art Medousa, Athènes, Grèce, 1984, Galerie Zoumboulakis, Athènes, Grèce, 1986, Le Centre d'art Van Gogh (Musée Estrine), Saint-Remy-de-Provence, France et la Galerie de la Gare, Bonnieux, Vaucluse, France, 1989
- Années 70 : Galerie Historique, Nyon, Suisse, 1971, Centre culturel de Chalon-sur-Saône, France,1972, Galerie Nicole Fourrier, Lyon, France, 1973, The Art Gallery, Athènes, Grèce, 1974, Nοëlla Gest Gallery, Saint-Remy-de-Provence, France, 1975
- Années 60 : Galerie de France, Paris, France, 1962, Atelier Sopho, Lyon, France, 1963, Biennale de Venise, Venise, Italie et Bertha Schaeffer Gallery, New York, États-Unis, 1964, Merlin Gallery, Athènes, Grèce, 1965, Théâtre du Huitième, Lyon, France, 1969
- Années 50 : Par Monts et par Vaux, Casablanca, Maroc, 1952 - Pain Gallery et Obèlisk Gallery, Londres, Angleterre, 1955-56
Roger Vailland devant une sculpture de son ami Coulentianos à Meillonnas en 1963
© Marc Garanger
Bibliographie
- Roger Vailland, Les sculptures de Coulentianos, Présentation d'une exposition, galerie de France, 1962
- La lutte avec les mots, interview de Coulentianos sur Roger Vailland, La lutte avec les mots
- Poétique de la sculpture, La sculpture 1950-1960, Édouard Jaguer, César, Chavignier, Coulentianos..., Éditions Le Muse de poche, novembre 1960, 130 pages
- Revue L'Arc, article de Roger Vailland sur Costa Coulentianos, avril 1962, (asin B004G1RXRM)
Notes et références
- Chavannes-sur-Reyssouze, le village où justement Roger Vailland avait loué une maison pendant la guerre et où il écrivit une grande partie de son roman Drôle de jeu
- "Nouvelle génération", fonte de fer qui est un travail sur la lumière et l'espace. Elle appartient à la série réalisée entre 1979 et 1982, pièces choisies pour représenter la Grèce à la biennale de Venise en 1980.
Liens externes
- Exposition 2011, Escault, rives, dérives, Hordain
- L'exil des grecs, Mataroa
- Site Roger Vailland : Le dernier acrobate du modernisme et Exposition de Paris en 2011
- Article de Yves Neyrolles
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Marguerite Yourcenar à Saint-Jans Cappel dans le Nord
« Les plus forts souvenirs sont ceux du Mont-Noir parce que j’ai appris là à aimer tout ce que j’aime encore : l’herbe et les fleurs sauvages mêlées à l’herbe ; les vergers, les arbres… »
Marguerite Yourcenar, entretien avec Matthieu Galley. [1]
La villa "Marguerite Yourcenar" au Mont-Noir et l'entrée du musée à Saint-Jans Cappel
Une petite maison de briques rouges du côté de Bailleul à une trentaine de kilomètres de Lille, exactement dans le bourg de Saint-Jans Cappel : le musée dédié à Marguerite Yourcenar. C’est ici que se situe le domaine du Mont-Noir, dans cette région de la Flandre française où elle passa dans son enfance toutes les périodes estivales.
C’est un petit musée composé de trois salles, ouvert en 1985, que Marguerite Yourcenar visita le 3 mai 1986, l’année qui précéda sa disparition. Un livre de photos en perpétue le souvenir. Outre son antique machine à écrire, on y découvre le foisonnement de son arbre généalogique qui constitue l’essence de son triptyque autobiographique Le labyrinthe du monde [2] d’où elle tira son anagramme Yourcenar qui, à une lettre près, vient de son patronyme Crayencour. Le musée rassemble également des photos, œuvres et documents sur son enfance ainsi qu’une reconstitution du bureau qu’elle avait dans sa maison américaine de Petite Plaisance. Un sentier de randonnée pédestre de 6 kilomètres, le « sentier des jacinthes » relie le musée à la Villa Marguerite Yourcenar.
Carte : de St-Jans Cappel au Mont-Noir
Du musée, on peut ainsi se projeter jusqu’au Mont-Noir, vaste domaine avec son parc verdoyant de 8 hectares, dont les dépendances et le château où elle vécut furent détruits pendant la guerre en 1918 par des bombardements. Aléas de l’histoire, aléas des parcours familiaux, ce qu’elle a appelé « les extraordinaires carambolages du hasard. » [3] L’immense parc abrite maintenant la villa du Mont-Noir avec ses airs de petite villa Médicis, qui reçoit chaque année des écrivains qui peuvent ainsi venir se ressourcer dans la sérénité du lieu. Dans une lettre de 1966, Marguerite Yourcenar se souvient qu’on disait que le Mont-Noir aurait eu cent chambres [4] alors qu’elle n’en comptait dans son souvenir qu’une trentaine… « En trichant un peu… on arriverait à une quarantaine de chambres, tout au plus. Ainsi grandissent les légendes (...). »
Le bureau et la machine à écrire
C’est en 1939 pour fuir la montée du nazisme que Marguerite Yourcenar partit pour les Etats-Unis, finit par s’installer dans l’état du Maine [5] tout en continuant à voyager de par le monde. C’est lors d’un ce ces voyages, en revenant sur les lieux de son enfance, qu’elle émit sans doute sans vraiment, y croire ce vœu qui pourtant allait se réaliser, « si j’avais vingt ans de moins, je fonderais une réserve naturelle au Mont-Noir où j’ai passé une grande partie de mon enfance. » Ecologiste militante, elle vint présider à Bailleul en 1982 le lancement de la Fondation Marguerite Yourcenar dont l’objectif est la protection de la flore des Monts de Flandre sur les 90 hectares du site.
Sentier des Jacinthes entre musée et villa « Mais que voudrais-je revoir ? Peut-être les jacinthes du Mont-Noir. »
L'évolution qu'elle constate vers une société productiviste plus cynique l'a toujours préoccupée et elle a souvent dénoncé cette dérive sociétale. Dans "Souvenirs pieux", le tome I de ses mémoires, [2] elle écrit que « les anciens... ne déversaient pas (dans les rivières) des tonnes de sous-produits nocifs et même mortels. [...] Ils ne se sustentaient pas d'aliments dénaturés à l'intérieur desquels circulent d'insidieux poisons. [...] Nous avons créé un monde où les animaux et les arbres ne pourront plus vivre... (ayant) une existence d'insectes s'agitant dans leur termitière... » [6]
Le tilleul, symbole de sa fondation Archives du Nord, tome II de ses Mémoires
La fin du Mont-Noir
C'est en 1916 que Marguerite Yourcenar et son père Michel, revenant d'Angleterre et réfugiés à Paris, reçoivent des informations et des photographies de leur propriété du Mont-Noir. Elle en parle en ces termes dans le tome III de ses Mémoires "Quoi? L'éternité" dans le chapitre "La terre qui tremble" :
« Le château sur sa haute colline avait servi de poste d'observation à un état-major britannique; il fut bombardé plusieurs fois. la bâtisse à tourelles Louis XIII, éventrée, prenait pour la première fois l'aspect d'une sorte de demeure historique; sa ruine au moins était belle. Mais tragiquement beaux étaient surtout les grands sapins étêtés, ébranchés, qui m'avaient ombragée naguère quand j'essayais de me mêler aux jeux des lapins, sûrement morts eux-aussi. Debout, tendant parfois un ou deux tronçons de branchages sans feuilles, les sapins semblaient à la fois des martyrs et leur propre croix.»
Notes et références
[1] Voir ma fiche de présentation du livre d'interviews de Matthieu Galey Les yeux ouverts, éditions Le Centurion, 1980, 336 pages, isbn : 2-227-32022-2
[2] Pour une présentation générale de ses mémoires en 3 volumes "Le Labyrinthe du monde", voir ma fiche Le labyrinthe du monde
[3] Cité par sa biographe Josyane Savigneau dans son ouvrage paru en 1990 chez Gallimard
[4] « comme l’antique Thèbes avait cent portes ! » précise-t-elle
[5] Voir ma fiche de présentation Marguerite Yourcenar aux Etats-Unis à Petite Plaisance dans l'état du Maine
[6] Voir Souvenirs pieux, NRF/Gallimard, pages 80/81, 1974, isbn 2-07-028971-0
Voir aussi
* La fiche synthèse du site Marguerite Yourcenar que j'ai créé pour donner un aperçu exhaustif de son parcours et de son œuvre.
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