Marguerite Duras entre Trouville et Neauphle
« C’est seulement dans cette maison (de Neauphle-le-château) que je suis seule. » (Écrire)
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L’hôtel des Roches noires à Trouville
Marguerite Duras à Trouville-sur-mer
C’est sur un coup de cœur que Marguerite Duras [1] acquière en 1963 l’appartement 105, au premier étage de l’hôtel des Roches noires où Marcel Proust avait séjourné. Un petit appartement où elle se sent bien que sa biographe Aliette Armel dans Marguerite Duras. Les trois lieux de l’écrit. présente ainsi : « Deux chambres, une salle de bains et une salle de séjour. Tout était minuscule dans la kitchenette qui communiquait avec la salle commune par une ouverture permettant de passer les plats. »,
Son emplacement à l’arrière de l’ancien hôtel permet quand même d’apercevoir la mer. C’est tout simplement par la lecture d’un journal qu’elle apprend la vente de cet appartement dans un coin qu’elle connaît pour être déjà allée à Berneville chez les Gallimard. Elle y vivra le début de sa relation avec Yann Lemée qu’elle rebaptisera Yan Andréa. Elle lui téléphone et c’est dans l’appartement de Trouville qu’ils se retrouvent, qu’elle héberge quand ensuite ils vivront ensemble.
Avec son amie la photographe Hélène Bamberger qui se sont rencontrées à Trouville –elle écrit alors des chroniques pour Libération, qui deviendront L'Eté 80- elles vont se balader dans la région. Dans la vieille Peugeot, elles allaient avec Yann un peu au hasard, Etretat, Cormeilles, l'embouchure de la Seine à Honfleur, l'usine allemande du Poudreux, le pont de Tancarville... D’autres fois, c’était le bac rouge qui relie Quillebeuf aux raffineries de Port-Jérôme, ce « fameux » hôtel de la Marine, disparu aujourd’hui où se situe l'intrigue d'Emily L. et quelques lieux qui ont servi de décor à La Pluie d'été, Les Yeux bleus cheveux noirs ou La Pute de la côte normande…
La maison de Neauphle-le-château, 1rue du Docteur-Grellière
Marguerite Duras à Neauphle-le-château
C’est grâce à la vente des droits d’adaptation cinématographique du Barrage contre le pacifique que Marguerite Duras peut acheter en 1958 cette grande maison située en face du château d’eau et composée de trois bâtiments, où elle a l’impression de s’enraciner.
Elle va mettre toute son énergie à remettre en état et remeubler les quatorze pièces de son domaine. Ce qu’elle traduit en écrivant dans Le camion : « Quand je n’écris pas, je me lance dans ma maison de campagne, là, à Neauphle, et je travaille comme une brute… dix heures par jour, je travaille."
Sa chambre au premier étage offre une vue magnifique sur l’étang et sur le jardin –ce qu’elle appelle « son parc »-qu’elle ne se lasse pas d’admirer. Elle y joue du piano, y invite ses amis auxquels elle aime préparer sa spécialité culinaire favorite : sa salade vietnamienne composée de vingt-trois ingrédients !
C’est ainsi qu’elle compense les moments de solitude et de doute, la solitude sn intime compagne dont elle écrira dans Écrire : « Quand il y avait du monde, j’étais à la fois moins seule et plus abandonnée. Cette solitude, pour l’aborder, il faut en passer par la nuit. Dans la nuit, imaginer Duras dans son lit en train de dormir seule dans une maison de quatre cents mètres carrés. » Et c’est là justement, qu’elle écrira des œuvres comme Le ravissement de Lol V. Stein ou Le vice-consul et qu’elle tournera aussi les scènes intérieures de Camion ainsi que le film Nathalie Granger, avec dans les rôles principaux Jeanne Moreau et Gérard Depardieu.
Après une inondation en 1983, Marguerite et Yann Andrea, [2] son dernier amour, préférèrent retourner vivre dans l’appartement de Trouville mais depuis quelques années, c’est son fils Jean Mascolo [3] qui vit maintenant dans la maison de Neauphle-le-château.
La rue St-Benoît à Paris 6e où elle est décédée au n°5
Notes et références
[1] Marguerite Germaine Marie Donnadieu prendra comme nom de plume Duras lors de la publication de son premier roman Les Impudents car c’est le nom du village dans le sud-ouest où se situe la maison paternelle
[2] Elle écrira en 1992 un roman intitulé justement Yann Andréa Steiner, centré sur ses relations avec Yan Andréa qui, de son côté, a également écrit Cet amour-là, un récit sur leurs relations
[3] Elle eut toujours d’étroites relations avec ce fils qui lui rappelait l’enfant mort-né qu’elle avait eu en 1941 de son premier mari Robert Antelme et dont elle ne fera jamais vraiment. le deuil
Repères bibliographiques
* Laure Adler, Marguerite Duras, Editions Gallimard, 1998, 155 F.
* Christiane Blot-Labarrère, Marguerite Duras, Editions du Seuil, collection "Les Contemporains", 1997.
* Aliette Armel, Marguerite Duras. Les trois lieux de l’écrit, Christian Pirot Editeur, 1998.
* Le ravissement de la parole. 4 CD audio réunis par Jean-Marc Turine, INA/Radio-France, 1997.
* Marguerite Duras de Trouville, coffret d'Hélène Bamberger, éditions de Minuit, 2004.
* Les lieux normands de Marguerite Duras
Voir aussi :
* Le Fonds Duras déposé à l’IMEC, 9 rue Bleue, 75009 Paris
<<< • • Christian Broussas • Marguerite Duras • °° © CJB °° • • 03/2014 >>>
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